Afrika Burn, Mon Amour !

Rentrée pleine d’énergie de de ‘good vibes’ depuis quelques jours du Nevada et de mon 4ème Burn consécutif à Black Rock city, la magie a encore opéré, telle une parenthèse enchantée que l’on s’accorde pour une petite semaine. Des étoiles pleins les yeux, des émotions plein coeur par tant de partage, de découverte, car comme d’habitude, j’ai rencontré des gens extraordinaires, fait de l’avion survolant Burning Man, participé à une douche collective, mangé un hot-dog et bu un thé glacé au milieu du désert, échangé des gifts à n’en plus finir et découvert des installations artistiques de plus en plus folles d’année en année. J’ai ri et pleuré de bonheur, mais face à cette immensité, sur mon petit vélo, sous des températures de plus de 45°C, je me suis parfois découragée à arpenter la playa et ses merveilles. Cette édition a rassemblé 80 000 personnes et fait grossir la playa de façon exponentielle!

Cependant, Burning Man reste magique, c’est le lieu idéal pour apprendre à se découvrir, à lâcher prise mais connaissez-vous les régional burns? Je vous raconte…

Plus tôt, en avril, j’ai souhaité changer de décor – ou plutôt de désert… Direction désert de Tankwa karoo à environ 5h au Nord de Cap Town, histoire de vivre un burn plus authentique m’a t’on dit, car moins populaire mais s’inspirant des mêmes valeurs que le Burning Man et dans un pays que je ne connais pas du tout, l’Afrique du Sud!!!

L’expérience Afrika Burn – Le petit frère du Burning Man

L’Afrika Burn fêtait déjà son 11eme anniversaire en Avril 2017. Pour comparer les deux événements, Burning man reste Burning Man, le Las Vegas aux milles lumières et structures artistiques démesurées, quant à l’Afrika Burn, un effectif beaucoup plus petit – 13 000 personnes, mais beaucoup plus convivial, car on y rencontre plus de familles, des enfants, des structures moins impressionnantes mais l’investissement humain dépensé est semblable aux immenses projets américains. Tout est une question de proportionnalité. Rien de différent par rapport au Burning Man, excepté la taille, la définition de la playa qui n’est pas en demi-cercle, et les zones de campements préparées en amont par l’organisation grâce à l’installation d’immenses toiles, tels des chapiteaux de cirque harmonieux, afin qu’on puisse s’installer avec notre propre équipement.

 

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Le High Camp – Deep Playa

Une grande surprise pour moi qui avais peur au départ  – allez, je l’avoue – de m’ennuyera été de constater qu’il s’agit de la taille idéale. On dispose du temps nécessaire pour apprivoiser cet espace agité, pour se laisser surprendre par les rencontres et les éblouissantes installations et surtout pour développer une complicité unique à travers d’intenses délires avec les festivaliers que l’on recroise régulièrement.

Comme pour chaque burn, pour certains, un temps d’adaptation est nécessaire pour se familiariser à ce nouvel environnement. Les tempêtes de sable, la chaleur, le froid, la poussière, le manque de sommeil, l’hygiène, la nourriture et l’eau rare vous forcent à sortir de votre zone de confort. On se fatigue vite et on souffre bien souvent de blessures aux pieds. Malgré ces conditions difficiles, le moment tant attendu vient, tel un reconditionnement cérébral, une renaissance, c’est en laissant le lâcher-prise agir que l’expérience prend tout son sens. Au-delà des limites physiques, la bienveillance, vous plonge dans une utopie où les ‘hugs’, câlins, se produisent même avant un simple ‘bonjour’. Bienvenu dans un univers garni d’actes altruistes dans lequel les règles ont changé, nous avons quitté notre mode de vie habituel pour des rencontres fortuites mais indélébiles. Un état d’esprit plus libéré se développe ainsi et unit les explor-acteurs.

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Tutu Tuesday

Une journée à l’Africa Burn

Au premier matin, alors que je pense juste jeter un oeil furtif sur l’immensité de la playa et ses nombreuses constructions avant mon petit déjeuner, je croise et discute avec Mickael Jackson (simple pseudo d’un américain de Miami) qui m’a proposé de monter sur le tapis volant passant à cet instant devant de nous. Nous nous sommes arrêtés un peu plus tard devant une Game Boy géante, qui diffusait un super son! Quelques secondes ont suffit pour nous faire bondir hors de notre véhicule mutant. Notre objectif: arrêter chaque passant pour organiser une party improvisée sur un dance-floor inexistant jusque là. Nous réunissons une trentaine de personnes, les sourires nous comblent et l’enthousiasme est contagieux ! En partant de rien, sans savoir ce qui allait s’y passer et après quelques pas de danse (oui, c’était une de mes chansons favorites) un regard a suffi pour créer un mouvement intuitif qui nous a tous rassemblé sans partager un seul mot. Une centaine de mètres plus loin, j’aperçois la Tour Eiffel. Haute de ses 5 ou 6 mètres, elle invite à sa base, à pénétrer dans un camp nommé le Petit Paris où l’on déguste des produits aux saveurs de chez nous en écoutant de la musique française. J’y croise un homme nu, enguirlandé de feuilles de vigne pour cacher l’essentiel. On se serre fort dans les bras ‘hug’ et c’est reparti pour une balade à bord d’un train à tête de dragon. Les gens sont superbes, illuminés par leurs costumes de paillettes multicolores qui se reflètent dans le soleil. Je n’ai jamais rien vu d’aussi beau, la lumière, les sourires, la poussière, visuellement, c’est parfait. Un véritable paradigme de ce que l’on peut être vraiment, quand on se libère.

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Je vous avais dit… la tour Eiffel & Didier, son créateur

Telle une incohérence dans mon champs de vision, j’observe un T-Rex se dirigeant vers nous! Ma question est de comprendre comment il peut supporter la chaleur sous son costume gonflable orné d’écailles et de paillettes. Il me dit que tout va bien et me propose du chocolat, sorti de nulle part! Diiiingue, non?

En reprenant la route, je chevauche une licorne, croise un immense escargot blanc roulant puis je m’aperçois qu’on est plus proche du coucher de soleil que du petit déjeuner! Cherchant en vain à rentrer à mon camp, afin d’enfiler mes costumes de lumières, leds et wires multicolores afin d’être bien visible de nuit et évidemment m’apprêter comme si c’était le plus beau jour de ma vie. Et ça l’est ! César sur son char de soldat romain, tiré par un cheval d’acier, me propose de me déposer plus loin. Ce que j’accepte volontiers afin d’arriver à mon camp rapidement… En descendant de cette belle chevauchée métallique, il me reste qu’une centaine de mètres à parcourir. En pratique, ce trajet me demande à peine 5 minutes de marche, mais ce challenge s’avère quasi-impossible. Chaque personne croisée est une nouvelle invitation au voyage. J’ai été enfermée dans un cercueil, descendu une tyrolienne, fait un hammam et je me suis baignée dans une piscine improbable et “dusty” avec des flamants roses ( je vous rappelle qu’on est en plein désert). Il m’aura fallu la journée pour faire 400 m! (je précise : aller/retour) Puis un guerrier Viking m’interpelle sur les derniers mètres avant la ligne d’arrivée.

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Vous avez dit… Piscine???

Afin de ne pas être embarquée dans de nouvelles aventures folles, je sors ma stratégie de détournement afin d’atteindre mon objectif : rentrer!! Je lui propose de venir savourer un cocktail dans mon camp. Il accepte. Nous arrivons enfin et j’ai l’agréable surprise que mon camp m’ait gardé une petite assiette et qu’ils organisent un happening que j’ignorais.

Mon camp est constitué d’une cinquantaine de personnes worldwide. On ne se connait pas tous, mais nous avons tous participé et aidé le groupe initial des Sud Af’, à distance ou pas, depuis environ 6 mois à monter ce camp complet et organisé, à trouver des fonds et construire un art-car (véhicule mutant) et deux robots géants, R2D2 et 6P0, installés à l’entrée de notre petit village.

Une partie de ma ‘crew’ organise alors à cet instant des sex olympic games! Le viking et moi ne nous connaissons que depuis quelques… minutes. Quoi de plus drôles pour les organisateurs que de nous inscrire parmi les participants. Le but: déshabiller le plus rapidement possible son partenaire sans utiliser les mains! Et quel partenaire! Un viking d’1 mètre 98, accusant les 120 kgs à la pesée! Pas facile quand il s’agit d’une armure constituée d’acier et de cuir! Bref, une belle crise de rire. Bref, on a perdu… Bref, ce n’est que le premier jour…

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Les stars du camps NowNow

Tous ces moments vécus dans une même et seule journée vous poussent à la désinhibition. Il reste dans mon esprit une belle et folle expérience. On réfléchit beaucoup sur soi-même. Le désert, la solitude, les émotions, les gens, nous apprennent un peu plus sur nous,  à chaque instant durant cette semaine incroyable guidée par l’autonomie, le contrôle de ses limites (hors default world), le non-jugement de chacun et dans une osmose complice. Il s’agit de s’accepter soi-même et se respecter, tel que l’on est. On apprend à mieux s’aimer. Qu’on soit petit, grand, gros, gras, le même accueil est réservé à tous. Chaque personne que l’on rencontre est là pour vous rebooster. On peut parler de la culture du Smile ‘sourire’ et de la bienveillance! Cette potion magique vous requinque à bloc (comme on dit chez moi dans ch’nord) On m’a tant dit que j’étais magnifique sous ma perruque verte et mon pseudo de playa ‘Barbara from santa Barbara’ ou ‘Lille from Cécile’. Il est vrai que j’adore rire mais avant tout j’adore faire rire et laisser une trace de bonheur sur mon passage.

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Smile and happiness on playa